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LA MORT D’UN SOLDAT

ment écrit à la machine et dûment enregistré, lui enjoignant de traverser la rivière et de s’établir sur l’autre rive, s’il n’était point attaqué.

— Ils sont fous, déclara Nicolaï.

Il regarda l’heure de départ inscrite sur l’enveloppe. On avait envoyé l’estafette à huit heures du matin.

— Vous avez mis quatre heures pour faire quatre kilomètres ? demanda le capitaine.

Il était sans colère. Rien ne l’étonnait plus. Il avait pris son parti de toutes choses. Il se savait condamné, lui et toute sa compagnie.

— Je ne pouvais pas passer, expliqua le cavalier, et mon cheval est claqué.

L’officier haussa les épaules et ne répondit pas. Il s’était engagé dans le chemin qui montait vers la cote occupée par la section de Fabre. Ce chemin était bordé par des haies de prunelles et de mûres. Des oiseaux s’y étaient réfugiés, qui chantaient.

Il arriva près du jeune homme, que cette longue attente énervait. Mais depuis un moment, celui-ci croyait apercevoir une progres-