Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
L’APPEL DU SOL

ne savait pas ce qu’était devenu le capitaine. Il ne s’en souciait point. Il ne voyait qu’une chose : la progression des Prussiens vers sa barricade. Il était en proie à cette volonté fixe : N’être pas débordé, tenir !

Nicolaï était monté dans le clocher de l’église. Il avait pu trouver place à côté de la cloche vibrant silencieusement au passage des projectiles, d’un vieux hibou sommeillant au milieu de la bataille et des millions d’araignées dont pendaient les toiles centenaires.

De là, il dominait tout le paysage. Derrière, les vallons où se défilaient nos batteries, le village où se tenait l’état-major de la division ; sur les flancs, les crêtes où se cramponnaient à l’infini nos bataillons ; à ses pieds, Vassinville occupé par sa compagnie, la rivière réfléchissant la tranquille lumière, puis les houblons, les vergers, les céréales d’où émergeaient les troupes ennemies, la ligne des collines d’où progressait leur masse profonde, l’horizon de la forêt. C’étaient des forces énormes qui attaquaient ; il s’en rendait compte. Il ne pourrait pas tenir bien longtemps. Il avait prévenu le commandant. Il avait envoyé