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LA MORT D’UN SOLDAT

— À huit cents mètres… sur ces cochons qui avancent… feu à volonté !… Feu !

Une brusque décharge, une décharge unanime de la section. La peur contenue de tous les hommes s’échappait, se détendait avec la fusillade. Un crépitement joyeux continua. Il y eut des rires, quelques plaisanteries. Une dizaine d’ennemis avaient dégringolé.

— Visez bien, nom de Dieu ! visez bien, criait Serre.

Il avait saisi le fusil d’un homme et tranquillement, comme au champ de tir, prenait son temps avant de faire feu.

— Voilà qui doit vous amuser, j’espère.

C’était Nicolaï qui, derrière lui, jugeait des coups.

— Descendez donc leur officier, Serre, dit-il. C’est ce grand diable, à droite, qui court d’un arbre à l’autre.

L’homme désigné tomba. Du coup l’avance était brisée net,

— Cessez le feu ! commanda le lieutenant.

Les hommes s’apostrophaient, se bousculaient, riaient, étaient heureux. On n’avait pas reçu une seule balle.