Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
L’APPEL DU SOL

Un chasseur glissa sur le talus, jurant de toutes ses forces.

— Veux-tu te taire, fit l’officier. Tu auras quatre jours de prison.

Ainsi, borné et courageux. Serre restait ponctuel. Il remarqua encore, non sans étonnement :

— Les voici en tirailleurs. Ils avancent par bonds. C’est curieux : ils manœuvrent comme nous.

Il ajouta, non sans admiration à l’égard de ses adversaires :

— Ils auraient pu faire leurs classes au bataillon !

Mais tout de suite, pour corriger son éloge :

— Nous les verrons à la charge ! J’ai lu, dans le journal, qu’en Alsace ils se sont rendus pour une tartine de pain.

Les uns derrière les autres, les Allemands s’étaient engagés sur la route droite qui menait au pont. On distinguait leurs casques gris. Leur vue provoqua chez l’officier un mouvement de fureur haineuse. Il n’y tint plus. Les yeux flamboyants, il ordonna :