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LA RETRAITE

traient. C’était le premier casque à pointe qu’ils voyaient.

— Où allez-vous ? lui cria Lucien Fabre.

— En reconnaissance, mon lieutenant, lui dit le dragon en arrêtant son cheval.

— Mais où ça ? poursuivit le premier.

— Je ne sais pas. Voulez-vous que j’aille le demander à l’officier ? fit avec complaisance le maréchal des logis.

— Non, non, merci, répondit Fabre. Continuez !

Et, se tournant vers Vaissette :

— Vous voyez !

Le jour pâle se levait. Mais aucune nuance ne variait l’uniformité du paysage, passif sous la pluie. Les uniformes recouverts d’une couche de boue gluante, le chemin, les arbustes, les collines, le ciel, tout était vêtu de la même couleur grise. L’eau ruisselait de partout. On avait même renoncé à fumer.

La compagnie déboucha sur une large chaussée. C’était une route nationale. Celle-ci, pour le moment, était encombrée par un convoi qui défilait.

On s’arrêta.