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L’APPEL DU SOL

remettant le sac. Quelques-uns voulaient faire le café. Mais on ne devait pas allumer de feu. Puis, on n’avait pas le temps. Les sections s’étaient à peine reformées que déjà l’on se mettait en marche.

— En avant, en avant ! criait Fabre à sa colonne, qui défilait devant lui.

On pénétra à droite dans le bois. En traversant un fossé les hommes tombaient, roulaient dans l’eau et dans la vase, jetaient tous le même juron. La route était interminable. Puis on déboucha sur un plateau, qu’on descendit. On longeait à présent un cours d’eau. La quatrième compagnie était en tête. Lorsqu’on dévalait une pente, on apercevait par derrière, dans la nuit grise, tout le bataillon. Quelques hommes s’étaient arrêtés, n’en pouvant plus. Fabre voyait, le cœur navré, sa section se débander.

Vaissette était désolé. Il portait deux fusils, afin de soulager un des chasseurs. Il courait de l’un à l’autre, pour les encourager. Il faisait ainsi au moins trois fois l’étape. Il confia à son officier :

— J’avais gardé des morceaux de sucre en