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LA RETRAITE

Mais Serre ne s’occupait pas de ce genre de problèmes. Les idées générales plutôt que le détail des choses se présentaient à son cerveau.

— Voilà le Japon, dit-il, qui s’en mêle. C’est regrettable. Quand l’Allemagne aura été anéantie, nous ne pourrons pas nous donner des airs de matamores. Elle pourra toujours nous jeter cette excuse : « Le monde entier était ligué contre nous. »

Nicolaï conclut :

— L’essentiel est que cette artillerie n’ait aucune mobilité. Alors, nos 75 reprendront tout leur avantage.

Ils se turent. La pluie s’était mise à tomber. Leur seul abri était un maigre prunier. Ils étaient accroupis sous l’arbre, enveloppés dans leur longue pèlerine. Lucien Fabre sommeillait.

Le sergent-fourrier apporta un ordre du chef de bataillon.

— À vos sections, vite, nous partons, commanda le capitaine.

Le roulement des sifflets, les appels des sous-officiers réveillaient les hommes. Ils s’étiraient, se frottant les yeux, cherchant leurs fusils,