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L’APPEL DU SOL

Les canons allemands mugissaient. Des mitrailleuses envoyaient une nappe de balles, qui rasait le sol. Comment pourrait-on sortir ? Ce n’était plus un bourdonnement d’insectes, mais les sifflements de milliers de reptiles.

Le lieutenant Fabre eut l’audace de monter sur le marchepied de départ. Tout son buste émergeait de la tranchée. Il fut saisi d’admiration. Livide d’émotion il contemplait le capitaine de Quéré : debout sur le glacis, immobile, appuyé sur sa canne, celui-ci faisait courir au cœur de ses hommes, par son exemple, un immense frisson.

Midi.

— Pour l’assaut ! cria Lucien… Faites passer… En avant !

. . . . . . . . . . . . . . .

Vaissette ouvrit les yeux. Il était étendu sur le sol. Il vit le ciel. Jamais il ne lui avait paru aussi calme.

— Comme c’est bleu, dit-il, le ciel !

Il voulut bouger. Il ne put pas. Il était cloué à la terre. Il n’entendait plus de bruit. La bataille s’était apaisée. Deux brancardiers