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L’ASSAUT

disait avec certitude et sérénité : « Je meurs heureux de mourir pour la France. » De Quéré fumait silencieusement à la porte de l’abri. Il avait l’âme tout illuminée.

Il resta là avec Richard. Vaissette et Fabre retournèrent à leur petit poste de commandement. Le bombardement, de part et d’autre, s’amplifiait.

Et ce fut de nouveau le tumulte des grandes batailles.

Déjà l’on pouvait à peine s’entendre.

— S’ils se doutaient, cria Lucien dans l’oreille de Vaissette, que c’est si terrible !

« Ils » c’étaient tous ceux qui n’avaient pas vu la guerre, tous ceux qui s’en représentent à peine les souffrances, tous ceux à qui sont confiées les destinées des peuples, tous ceux pour qui ils allaient mourir.

Le jour parut.

Lucien avait appelé les chefs de sections : il leur donnait ses instructions pour l’attaque. Dès lors, il parcourut continuellement son boyau. On pouvait difficilement se parler. Il suffisait de sourire à l’un des chasseurs, de donner une cigarette à l’autre. Les hommes