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LES PRISONNIERS

Il dit :

— Triste guerre, monsieur !

Il sourit encore. Ces mots étaient lamentables dans la bouche de ce mourant.

Le capitaine eut un geste sublime. Il lui prit la main, et la garda entre les siennes, comme pour l’aider à mourir. Un peu d’écume sanglante vint aux lèvres du prisonnier. Il répéta doucement, comme une mélopée :

— Triste guerre, monsieur, triste guerre !…

Vaissette, très ému parlait. Il lui disait :

— Vous serez bien soigné, dans le midi de la France.

Mais le Prussien branlait sa pauvre tête, pour expliquer qu’il n’était point dupe. Il avait baissé les paupières.

Il les rouvrit soudain : son regard brûla d’une dernière lueur. Il s’obstinait à redire, en un murmure étouffé.

— Triste guerre, monsieur, triste guerre !