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AU CANTONNEMENT

longs espoirs ne nous sont point permis. J’en reviens à mon cher Horace, qui disait à Sestius :

Vitæ summa brevis spem nos vetat inchoare longam.

La guerre nous fait voir l’humaine vérité de sa doctrine, que dominent de grandes idées : l’indifférence de la nature, la dignité de l’homme, le dédain de la mort. Nous savons maintenant la fragilité de nos bonheurs périssables, les caprices de la fortune ; et nous avons appris à voir venir notre fin prochaine avec une volonté tranquille et une intelligence souveraine.

— Nous avons vu désormais, conclut le capitaine de Quéré, les laideurs et les beautés de la guerre. Il a fallu le retour de cette barbarie sublime pour que nous sachions encore mourir pour une idée. Je ne suis pas prophète et je ne sais si des temps viendront où l’homme ne sera plus paresseux, brutal, cupide et violent, et où, par conséquent, la politesse des mœurs régnant avec la justice, les guerres n’existeront plus. J’ignore si des jours luiront où tous les peuples de ce globe,