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AU CANTONNEMENT

Diribarne, morts au champ d’honneur. Si bien que la présence des montagnards et celle d’Angielli, de Servajac, de Girard son ordonnance, donnaient à Lucien l’impression qu’il n’avait pas quitté le bataillon. Il trouvait peut-être ses chasseurs plus lents, plus soumis, plus lourds.

— Nous savions bien que vous seriez là pour le grand coup, lui dit le caporal Gros.

Cette confiance ainsi exprimée lui fut chère. Mais il eut de la tristesse à constater que ses chasseurs étaient uniquement possédés par la pensée de cette attaque, que tout annonçait.

Les uns s’étaient dispersés dans les cantonnements. Ils se promenaient, désœuvrés, en traînant leurs souliers, pénétraient à l’estaminet, achetaient ce tabac belge léger qui brûlait dans les pipes avec une odeur de paille et de mélasse. Ils tâchaient d’entrer en conversation avec deux ou trois femmes, imposantes maritornes blondes, dont ils ne comprenaient point le langage : et cela les faisait rire.

Les autres, plus tranquilles, fourbissaient leurs armes, réparaient les vareuses, écrivaient chez eux. Ils avaient pris l’habitude de rédiger