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L’APPEL DU SOL

fiévreuses et faisait monter à ses pauvres lèvres décolorées un filet de sang.

Le bataillon pénétra dans Langebush. Le cantonnement n’était point à l’abri de la grosse artillerie allemande. La petite cité dressait vaillamment vers le ciel son clocher démoli et ses pans de murs effondrés. Peu de maisons étaient restées debout : leurs toitures s’étaient abîmées comme sous l’effort d’un cataclysme soudain et sous le travail des siècles. Il semblait qu’on traversât une ville morte comme Pompéi. La population ne se montrait pas. Il n’y avait que des décombres, des poutres brûlées et des pierres amoncelées.

La quatrième compagnie eut comme secteur de cantonnement deux fermes à l’entrée de Langebush. On s’organisa comme on put. Le bruit courait qu’on serait là pour huit jours, afin de se reposer, de mettre toutes choses au point dans le bataillon, et qu’on ne repartirait aux tranchées que pour donner l’assaut.

De Quéré vint chercher Vaissette. Les hommes s’étaient logés tant bien que mal dans les greniers et s’étaient jetés contre le sol recouvert d’une couche de paille, dormant