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L’APPEL DU SOL

tassins se rendant aux tranchées. Il insultait les artilleurs qui conduisaient leurs pièces, les conducteurs des voitures de ravitaillement ou des échelons de munitions. C’était un défilé sans fin.

On rencontrait des uniformes de toutes les couleurs, de toutes les coupes : les races des cinq continents semblaient s’être donné rendez-vous sur la chaussée flamande. C’étaient les canonniers avec leurs batteries légères ou lourdes, les sections d’auto-canons, des dragons escortant des prisonniers lamentables, des tirailleurs marocains, des marins, un régiment d’Hindous. Des carabiniers et des lanciers belges, aidés de nos territoriaux, réparaient la route défoncée : le gland de leur bonnet de police, s’agitant à chacun de leur mouvement, leur donnait, malgré le décor, l’air des guerriers d’un opéra-comique de 1830. Un long convoi d’ambulances ramenait à l’arrière des blessés.

Le bataillon traversa un village. Il y avait encore des civils. Vaissette contemplait avec ravissement ces êtres qui ne portaient point de tenue militaire. Des femmes regardaient