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CHAPITRE XIII

AU CANTONNEMENT

La relève avait eu lieu un peu après deux heures du matin. La compagnie sortait des boyaux qui formaient un labyrinthe, une véritable cité souterraine dont les rues se croisaient, se ramifiaient à l’infini. Les chasseurs allaient aussi vite que le leur permettait la glaise qui retenait les pieds au sol : ils avaient hâte de quitter la tranchée maudite, une hâte telle que la peur s’emparait d’eux, comme une réaction contre un mois de soumission héroïque une peur irraisonnée, terrible. Ils dormaient pourtant à moitié, l’esprit alourdi comme le corps par la carapace de boue qui les couvrait