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LE BAPTÊME DU FEU

tains avaient des crampes. D’autres se croyaient blessés à la jambe, au bras ; ils se tâtaient avec la main, mais sans oser faire de geste, prudemment. La section, étendue par la plaine, semblait la carapace d’une tortue.

Le lieutenant Fabre était étonné de ne point recevoir d’ordres du capitaine.

— Il faudrait envoyer quelqu’un, dit-il à Vaissette, qui se trouvait à ses côtés.

— J’y vais, répondit celui-ci.

Avant que l’officier eût pu répondre, le sergent courait par la plaine, le buste en avant, exposé à tous les coups, seul debout par cette immensité, buttant contre une betterave, s’enfonçant dans un trou, heurtant un corps allongé, trimballant tout son équipement, et, le lorgnon pendu par une ficelle à son cou, cherchant son chemin de ses grands yeux craintifs de myope.

Le capitaine, le voyant venir, avait compris :

— Retournez vite, en rampant, lui cria-t-il de loin, soucieux de lui épargner une avance de quelques mètres. Qu’on ne bouge pas tant que durera le bombardement. D’ailleurs, je n’ai pas d’ordres