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L’APPEL DU SOL

tout le personnel de l’hôpital, très ému, attendait. Les blouses blanches s’étalaient à la lumière. Madame Thiers, présidente, se tenait en tête du groupe avec le docteur Constantin, dont les septante années étaient vaillantes. Les autorités municipales étaient là. Il y avait aussi la fanfare, ceux de ses membres du moins qui n’étaient pas mobilisés ; elle jouerait, à l’arrivée, la Marseillaise. Il y avait enfin tous les jeunes gens de la société avec des brancards, une nuée de brancardiers volontaires aussi zélés et presque aussi nombreux que ceux de Lourdes.

Vers une heure, une automobile poussiéreuse arriva devant l’hôpital. C’était le convoi de blessés. On fut si surpris que la fanfare n’eut pas le temps de lancer ses accords.

Un soldat en sauta allègrement ; nul ne sut jamais du reste quel était son mal et pourquoi on l’avait envoyé à Meillanne. Puis un autre descendit, qui avait attrapé la coqueluche à son dépôt ; un troisième, qui s’était écrasé les doigts en chemin de fer. C’était tout. Le convoi s’engouffra par le porche vers le calme ensoleillé de l’hôpital.