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rasses, qui sont la gloire de notre administration militaire. À Meillanne on le voyait pour le moins le collaborateur intime, l’éminence grise du Général en chef en qui la France avait remis ses destinées. L’autre fils n’était point soldat. On avait expliqué : « Il a le cœur trop gros. » C’était un petit prétentieux, illettré et médiocre, et qui était parti à Paris pour conquérir la capitale et faire de la littérature. Il n’était pas soldat, mais il avait un poste de confiance et de choix : le gouvernement l’avait nommé, disait-on, préfet des villes conquises. Et il attendait l’occupation de Strasbourg ou d’Aix-la-Chapelle pour apporter aux barbares germains les bienfaits de la paix latine.

Marguerite comprit qu’elle jouait sa popularité. Elle télégraphia à des amis à Paris, à Marseille. Quelques jours après, on annonça un convoi de blessés.

Il devait arriver à midi, en automobiles. Car Meillanne n’est pas située sur la grande voie ferrée qui descend le cours du Rhône. Elle repose sa paresse aux premiers contreforts ardents et déboisés des Alpes. Dès onze heures,