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porté aux nues Marguerite, qui avait été l’âme de ce dévouement inutile, et ne s’était aliéné aucune sympathie en n’étant ni présidente, ni trésorière de l’œuvre, en n’acceptant aucun honneur. À présent on commençait à discuter son zèle. Ces dames étaient gênées : il leur semblait que les paysannes et les femmes du peuple riaient d’elles, cachées derrière les persiennes, quand elles rentraient de l’hôpital chez elles. La plus violente était madame Thiers, la femme du notaire.

C’était une toute petite personne, noiraude et fort vilaine. On disait à Meillanne « madame Thiers » du ton dont jadis on disait en France « monsieur Thiers ». Elle avait les lèvres toujours pincées et elle avait toujours eu la poitrine plate. Elle portait éternellement des gants de filoselle gris et un corsage jaune. On la tenait en haute considération, surtout depuis la guerre, à cause de ses fils. Le plus jeune était secrétaire de l’État-Major. On ne savait au juste ce que cela signifiait, ni quel était son grade. En réalité ce jeune auxiliaire, secrétaire d’État-Major en effet, noircissait quelques-unes de ces vaines pape-