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À L’AMBULANCE

sur un lit. La présence de Vaissette le réveilla. Il ouvrit les yeux, lui sourit.

— Comment vas-tu ? demanda Vaissette.

— Je crois qu’on me gardera mon bras, répondit Lucien.

Il regarda, avec une sorte de tendresse maternelle, le pansement qui entourait le membre meurtri. Il parlait bas, mais avec volubilité, et ses pommettes se coloraient.

— Je pensais que tu serais tué, dit Fabre,

Ainsi, les deux jeunes gens instinctivement s’étaient tutoyés.

— Je n’ai rien, répondit Vaissette.

Il éprouvait, comme l’autre jour, une sorte de honte d’être là, vivant, sans blessure, au milieu de tous ces saignements et de toutes ces infirmités.

— Et toute la compagnie est tuée ? demanda Lucien.

Vaissette lui dit qu’il y avait encore une trentaine de chasseurs. Fabre ne voulait pas le croire. Il s’obstinait, comme tous les blessés, à penser que tous ses camarades et tous ses hommes avaient été touchés.