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vers la fournaise, toutes les lumières et tous les bruits éclatant par les airs, les mouvements sanglants des masses disant les sacrifices volontaires, toutes les folies et toutes les fantaisies de la mort marquant les étapes de la victoire. Ici on ne voyait de tout cela que le désordre inévitable de la coulisse, les pierres en ruines et toutes les blessures.

Avant d’entrer dans le village, Vaissette avait éprouvé un sentiment d’angoisse infinie. On s’était battu là, dans les champs. Il y avait même une tranchée conquise sur les Prussiens. Et c’était le champ de bataille vu après la bataille, quand il n’y a plus la fanfare effroyable des fusils et des canons, quand la paix est descendue sur lui, quand il ne flotte plus dans l’atmosphère d’enthousiasme ni de gloire.

Deux fermes achevaient de se consumer : point de flammes ; une lourde fumée noirâtre que ne dissipait aucun souffle de vent. Des sacs et des armes sur le sol. Les étuis étincelants des obus marquaient par leur amoncellement la place des batteries. Des corps raidis étendus. Les blessés avaient été relevés par les brancardiers. À présent des territoriaux enterraient les