Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
LA BATAILLE CONTINUE

bas sur les défenses ennemies. L’explosion illuminait le trou creusé, comme le cratère d’un volcan, d’où jaillissaient des pierres, de la terre, des matériaux fulgurants.

On n’eut pas le loisir de contempler longtemps le spectacle : l’ordre d’avancer venait de parvenir. Le sous-lieutenant Vaissette s’élançait sur la pente, suivi des débris de sa compagnie.

Mais on ne put franchir un espace étendu. Des fusées avaient dénoncé la manœuvre et les Allemands arrosaient tout le terrain de mitraille. De nouveau, il fallut se coucher dans le champ, procéder par bonds.

C’était tragique. Les chasseurs refaisaient le chemin qu’ils avaient fait la veille, au cours de leur avance et au cours de leur retraite. On reconnaissait telle motte de terre qui avait servi d’abri, tel trou d’obus où l’on s’était caché. On dépassait les mêmes betteraves et les mêmes sillons. Par moments on rencontrait un blessé qui râlait depuis le matin précédent ou le cadavre déchiqueté d’un camarade. On retrouva le corps de Rousset, dont le crâne était ouvert, dont la figure, rouge de sang