Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/211

Cette page a été validée par deux contributeurs.
197
LA BATAILLE CONTINUE

Il dit. Et les deux officiers restèrent longuement plongés dans leur rêverie.

La pluie avait cessé de tomber. La nuit prenait cette obscurité plus profonde et l’air vibrait à ces souffles plus froids qui annoncent l’approche de l’aurore. On entendait des pas étouffés descendre du bois. C’étaient les autres compagnies du 36e qui venaient prendre leurs positions d’attaque. Vaissette fit serrer ses hommes vers ceux du capitaine de Quéré. La section de mitrailleuses vint s’installer auprès d’eux. Le chef de bataillon appela les officiers : on attaquerait dans une heure ; aucune manœuvre à effectuer ; chaque commandant de compagnie n’avait qu’à marcher droit sur l’objectif, la tranchée allemande. Trois fusées jaillirent du village, montèrent vers le ciel, éclatèrent. On suivait des yeux leur sillage jaune et leur lumière éclaira le paysage. L’ennemi voulait s’assurer que les pentes de la falaise étaient vides. Comme si elles eussent attendu ce signal, nos batteries entrèrent en action. Le labeur sanglant de la journée avait repris.

— La guerre, c’est se battre tout le temps, déclara Pluchard.