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L’APPEL DU SOL

du sol où nous sommes enracinés et nous sommes son instrument.

— Mon capitaine, reprit gravement le sous-lieutenant, l’autre soir nous avons eu tort. Nous avons dit que nous n’aimions pas la France pour des raisons pareilles, mais que nous l’aimions pareillement. Sans doute notre amour est identique : mais il l’est non seulement dans ses manifestations et dans ses fins, mais encore dans ses origines : nous subissons l’appel de la Patrie.

— Voici que vous allez réconcilier, mon enfant, interrompit le capitaine, les mânes de Voltaire et celles du Balafré !

— Eh bien, oui, proclama Vaissette, vous ne sauriez m’empêcher de me battre, de par sa volonté, pour la France, pour toute la France, celle du passé, dont je ne renie aucune folie ni aucune faiblesse, et celle de l’avenir que nous préparons. Et ma fierté est que vous vous battiez pour la même France ; si loin que nous soyons l’un de l’autre et que nous demeurions, c’est pour un idéal identique, mon capitaine, que tout à l’heure votre sang et le mien abreuveront ce beau sol français.