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L’APPEL DU SOL

Le capitaine de Quéré vint trouver Vaissette :

— Ils n’attaquent pas, dit-il. Tant mieux. Mais nous allons recommencer l’assaut. Voici les ordres que je viens de recevoir.

Il les expliqua. C’était simple. Avant le lever du jour l’artillerie arroserait les tranchées ennemies et leurs abords repérés la veille, au prix de tant de sang. En même temps on avancerait et l’on tâcherait de pénétrer dans Laumont.

— Dans quelques instants, poursuivit de Quéré, le restant du bataillon va venir nous renforcer. À nous deux nous formerons une compagnie.

— Tout à l’heure, avoua Vaissette, j’ai eu pour ces hommes une telle pitié qu’il m’a semblé barbare de les précipiter de nouveau dans le brasier. Mais j’ai bien senti qu’il le faut, qu’ils sont ici pour cela, qu’ils sont les instruments involontaires de la volonté nationale.

— Ils ne mesurent pas, déclara de Quéré, toute l’étendue de leur grandeur et ils ne sentent point l’immensité de leur sacrifice.

— Ce qui est effroyable, affirma Vaissette,