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L’APPEL DU SOL

— C’est nos obus qui nous précèdent, expliqua le caporal Gros. Quand on a débarqué, un artilleur m’a prévenu.

Les lourds montagnards adhérèrent à l’explication. Ils n’étaient pas curieux. Ils acceptaient le cours des choses. Ils ne récriminaient pas. La marche se poursuivit.

De nouveau le bruit aigu se fit entendre, suivi de six détonations. On avait perçu l’éclatement par derrière la colonne, pas loin. Un nouvel émoi passa sur le bataillon.

— C’est le baptême du feu, mes enfants, fit le capitaine Nicolaï de sa voix timbrée.

Les rayons obliques du soleil levant l’aveuglaient. Il porta la main sur son front pour abriter ses yeux bleus et regarder vers la crête, à l’horizon. On ne voyait rien. La fumée de sa pipe formait, de place en place, un petit nuage qui ne se dissipait point. Il se retourna, embrassant ses chasseurs d’un beau regard paternel.

— Allons, dit-il, en avant, en avant !

— Alors, c’est eux, mon capitaine ? dit un homme derrière lui.

— C’est eux, répondit machinalement Nicolaï, en consultant sa carte.