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Girard dit :

— Je suis là, mon lieutenant… Je suis là. Si vous bougez, c’en est fait de nous.

Fabre répond :

— Je crois que je suis blessé.

L’ordonnance jure et sacre comme un païen. Lucien prévient son mouvement :

— Reste tranquille. Ce n’est rien. C’est au bras.

— Ne remuez pas. En ce moment, il fait trop chaud. On mettra votre pansement tout à l’heure.

Un silence entre les deux hommes. La fusillade est moins nourrie. Les ordres rauques des officiers prussiens déchirent les oreilles.

Fabre appelle :

— Girard ?

— Mon lieutenant ? répond l’ordonnance.

— Soulève-toi sur les poignets. Regarde la compagnie.

Doucement, lentement, Girard se soulève. Une balle siffle. Il s’aplatit à nouveau.

— On ne la voit plus. Ils sont tous couchés ou crevés. Il y en a qui se replient vers le ravin.