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LE BAPTÊME DU FEU

— Un pauvre soleil, répondit l’officier.

De son bras il montrait le disque rose, qui émergeait, face à eux, de la colline et trouait la brume. Il prononçait povre. Son poing, qui tenait la pipe allumée, restait tendu vers le soleil, en un geste de moquerie et de pitié. Nicolaï comparait cette aube aux aurores provençales, aux irruptions fantastiques de lumière sur le bleu de la Méditerranée ou sur les cimes rouges de Corse.

Il ajouta :

— Voilà pour le saluer !

Un long sifflement venait de traverser l’air ; un éclatement sourd le déchira.

Tous les chasseurs levèrent la tête brusquement. Quelques-uns s’arrêtèrent. Ceux qui les suivaient les heurtèrent, faillirent les faire tomber. Il y eut des protestations :

— Prends garde !

— Mais avance donc !

Zou, zou, despatcho té !

Et, avec cela, une inquiétude vague, un étonnement plutôt du bruit entendu.

Pour le coup, tout le bataillon était réveillé.

Le même sifflement traversa l’atmosphère.