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LA BATAILLE

l’air. Le vent paraissait siffler. Il n’y avait pas un souffle. Quelques hommes s’écrasèrent à terre. Les autres suivaient, de leurs yeux enivrés, les gestes de leur sergent. Le bond était terminé : ils se couchèrent.

Il fallut se relever. Vingt mètres à franchir. On s’allongea de nouveau. Se redresser c’était narguer la mort. Le caporal Bégou, la gorge traversée par une balle, étouffant, s’était assis, battant l’air de ses bras. D’autres projectiles lui trouèrent les poumons. Au troisième bond Rousset s’effondra. Un obus l’avait scalpé, faisant voler le crâne et la cervelle. Même lorsqu’on s’aplatissait les balles ricochaient, vous couvraient de terre et de cailloux, vous frappaient. Les bidons et les gamelles traversés rendaient un son métallique et sec : quelques-uns étaient percés comme une écumoire. Le bruit était sourd des balles entrant dans les sacs, pénétrant dans les chairs.

Cependant les rafales d’artillerie se suivaient, se croisaient dans le plus infernal tapage. La terre semblait tressaillir. Tout le ciel grondait. L’air flambait.

Vaissette, au début, essayait de suivre les