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« MORITURI TE SALUTANT »

— Vous voulez rire, dit Fabre. Notre métier d’officier de compagnie est aussi humble que grand. Il vous suffira de veiller aux détails matériels dans votre section demain comme hier : avec cela, gardez votre courage calme au feu et l’ascendant moral sur vos hommes ; c’est tout ce que je vous demande. Car la volonté de vaincre et de mourir d’une centaine de soldats est dans l’âme de l’officier subalterne qui les commande. De même notre décision est dans le cœur de notre commandant. C’est ainsi que le grand chef gagne d’abord la victoire en lui-même, puis dans la poitrine de ses millions d’hommes, avant de la gagner sur le terrain.

Lucien Fabre s’était mis à fumer comme un vieux troupier. Il frappa sa pipe contre son talon pour en faire sortir la cendre. Puis, il emplit de tabac le fourneau. Il reprit :

— Seconde nouvelle : je suis promu lieutenant et je garde le commandement de la compagnie. Et maintenant, voici qui est plus important : le gouvernement est parti pour Bordeaux, mais les Prussiens ne sont pas à Paris, La bataille décisive est engagée. Dans quelques heures nous allons donner.