tambours des crieurs publics annonçaient la mobilisation, tu t’es donné tout entier à la nation. Elle te possède. Elle nous possède tous. Nous ne réfléchissons plus à rien : ce serait inutile. Nous sommes un instrument de l’énorme machine. Nous ne sommes plus nous mêmes. C’est le pays qui a pris ton âme. M’as-tu compris ?
Ils n’avaient pas tous compris, mais tous donnaient leur assentiment. Vaissette continua :
— Pourquoi te bats-tu, Diribarne ? fit-il.
Diribarne eut un geste vague. Il ne pouvait expliquer. Il savait bien pourtant. Roussel intervint.
— Puisqu’on nous a attaqués…, dit-il.
— Sans doute, répondit le sergent. Mais ce n’est pas tout. Pourquoi ce pays attaqué veut-il se défendre jusqu’à la mort ?
— Pour la fin des guerres, déclara Angielli.
Diribarne avait trouvé :
— Oui, pour qu’ils ne nous embêtent plus, et qu’on soit les maîtres chez nous.
Le caporal Gros eut un mot sublime de simplicité, de candeur, de vérité :
— Il faut bien se battre, coquin de sort,