plus sous le feu. On se croit en manœuvres. On n’y pense plus.
Et c’est bien, en effet, la grâce de ce drame : pendant les intervalles qui en séparent les actes, il semble ne plus exister pour ceux mêmes qui le vivent.
Le Cévenol insista :
— Non, on ne pense plus à la guerre. On se laisse vivre…
Les autres l’approuvaient. Certes, il n’était pas capable de se faire l’interprète du sentiment commun : ses paroles étaient tout de même l’écho de ce qu’ils éprouvaient confusément. Vaissette, qui était psychologue, démêlait ces nuances.
— Ce qui t’étonne, observa-t-il, c’est de ne pas te dire à chaque instant : « Je me bats pour la France », c’est de n’être pas plus ému, plus inquiet, soit pendant la bataille, soit en ce moment, ni plus indigné contre nos ennemis.
— C’est vrai, dit Servajac.
— Je vais t’expliquer cela, fit Vaissette. Le jour où tu as revêtu cet uniforme, tandis que la cloche de tous les villages de France et les