Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/127

Cette page a été validée par deux contributeurs.
113
UNE ÉTAPE

— Chez nous, c’est loin d’ici.

Et son bras montrait le lointain horizon où le chasseur entrevoyait les côtes, les gaves, le ciel des pays basques, puis, à l’opposé, la direction de la frontière.

— Et vous, sergent, vous l’attendiez, la guerre ? demanda Servajac à Vaissette, qui s’était levé et mettait un peu d’ordre à sa toilette.

— Je n’aurais jamais cru qu’ils oseraient nous attaquer, répondit le sergent.

Toute la compagnie s’était réveillée. Une grande activité s’emparait d’elle. Les hommes se brossaient. Ils enlevaient la boue de leurs lourdes chaussures, bandaient leurs molletières, nettoyaient leur fusil, lavaient leurs gamelles. Un groupe s’était formé autour de Servajac et de Vaissette. Les hommes admiraient leur sergent parce qu’il parlait bien.

— Il sait vous tourner les choses ! affirmait Bégou avec enthousiasme.

Et Bégou s’y entendait : il tenait un café dans une sous-préfecture provençale où il était conseiller municipal. Servajac remarqua :

— Ça cesse de paraître terrible dès qu’on n’est