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L’APPEL DU SOL

— Et toi, tu t’en fous aussi ? demanda Rousset à Diribarne.

Mais Diribarne ne répondit même pas. C’était un Basque. Il parlait mal le français et ne comprenait pas le provençal qu’employaient entre eux la plupart des chasseurs. Fabre n’avait même pas pu se rendre compte si cet homme savait pourquoi l’on était en guerre, et contre qui. Il était l’obéissance même et la servitude dans toute leur grandeur. Sa docilité était la même, lente et totale, à avancer sous le feu ou à l’assaut qu’à exécuter une corvée. Il ne murmurait même point quand il n’avait pas mangé.

À mesure que se prolongeait l’étape, les conversations particulières avaient cessé. Personne ne parlait. Personne ne pensait. Il n’y avait plus, se défilant sur la route, qu’un troupeau de brutes conduit par les officiers comme par des bergers.

De temps à autre, on traversait un village. La nuit tombait. Le bruit de la bataille s’était apaisé. Derrière les murailles des habitations, il y avait des êtres qui se reposaient. On voyait la lumière des fermes ou des maisons