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UNE ÉTAPE

C’était un Marseillais, employé dans les docks, un colosse à la voix énorme, un meneur de grèves. Il avait rejoint son corps à la première heure. Il donnait l’exemple de la discipline et de l’entrain. Il était bavard ; mais il agissait. Il annonçait par avance les exploits dont il était capable ; mais, depuis qu’il était au feu, il n’avait pas eu une seconde de défaillance. Il avait joué du couteau dans bien des bars marseillais ; mais, chargeant avec Fabre et Nicolaï, il avait été à l’assaut comme à une réunion publique. Il avait compris l’état d’esprit de ses compagnons, montagnards et silencieux, mais français et méridionaux, amoureux de la parole et de la politique.

— Encore un petit kilomètre, dit Angielli de sa voix éclatante. Coquin de sort, c’est pour la Sociale !

Et la section faisait un grand effort, continuait. Les chasseurs franchissaient ce kilomètre, puis un autre. Vaissette leur tenait des discours. Angielli poursuivait ses tirades. Ils ne les comprenaient pas. Ils ne pensaient guère à la Sociale, vraiment. Ils ne pensaient