dix-neuf ans, récemment sorti du collége, j’étais le seul appui de ma mère et de ma sœur.
« Je vous ai répondu en dédaignant la ressource des personnalités qui flétrissent votre plume. Elles m’eussent pourtant été faciles ; mais j’ai le cœur trop haut placé et je suis trop jaloux de l’estime publique pour me servir d’une arme de spadassin.
« Ludovic BERTRAND. »
Les personnes qui eurent dix ans en i83o, et qui déjà un an ou deux ans plus tard parcouraient les journaux, retrouveront à la lecture de cette étrange lettre un souvenir d’une certaine presse alors florissante à Paris et dont le style était un mélange d’outrance romantique et de rudesse républicaine. On touche ici à Petrus Borel et à Godefroy Cavaignac et à toute cette école dite des Boupngots qui sombra sous les lois de septembre. C’était affaire de littérature plutôt que de vraie conviction politique. Mais ce qui peut mieux encore donner le caractère de la polémique de Louis Bertrand, c’est l’article suivant, publié dans le onzième numéro du Patriote, le 9 mars I83i. On était alors sous le ministère de Casimir Périer, qui n’avait encore pris ni Anvers, ni Ancône. C’est toujours de la politique romantique, de la politique à images, mais où la générosité et la sincérité juvéniles corrigent l’emphase et l’outrecuidance rhétoricienne :