pour les cafards de la peur un calice d’amertume et pour le journal doctrinaire le texte d’une guizotine contre l’honorable député, contre la foule niaise de ses admirateurs et contre les patriotes dijonnais. Jamais le Spectateur n’a été plus gentil que depuis quelques jours. Avec quelle souplesse, avec quelle agilité, le singe du juste-milieu cabriole sous le bâton ministériel. Il saute ! II a bien sauté! il aura quelque chose, ne fût-ce qu’un petit sou. Et d’abord le Spectateur plaint l’illustre citoyen d’avoir été complimenté par deux jeunes gens, qu’il qualifie, l’un d’avocat en herbe, l’autre (c’est moi) de commis au Patriote. Par deux jeunes gens! Comme si la parole était monopolisée par les perruques I comme si la parole n’était pas libre comme la presse ! Depuis quand est-il interdit à la jeunesse d’invoquer les noms sacrés de Patrie et de Liberté, comme à tous? N’est-ce pas sur elle, sur cette jeunesse sage et valeureuse, que reposent l’avenir, la gloire, le salut de la France? N’est-ce pas elle qui est toute la nationalité ? Oui, et c’est votre désespoir : vous êtes le tronc caduc et pourri d’une société qui tombe en poussière; tandis que la jeunesse est l’ombrage immense de sa régénération, sous lequel un jour, qui n’est pas loin sans doute, s’asseoira la liberté, pour se reposer de ses fatigues et de sa victoire.
« Je préfère vos dédains à vos suffrages. Vos suffrages, d’ailleurs, seraient bien humbles, après ceux dont m’honorent Victor Hugo, Sainte-Beuve, Ferdinand Denis, etc., dont l’amitié encourage mes talents littéraires. Il faut bien, puisque vous m’y forcez, citer en regard de vos injures les éloges que ne dédaigne pas de me prodiguer le génie lui-même. M. Victor Hugo m’écrit : « ... Je lis vos vers en cercle d’amis, comme je lis André Chénier, Lamartine ou Alfred de Vigny : il est impossible de posséder à un plus haut point les secrets de la facture. Notre Emile Deschamps s’avouerait égalé. Envoyez-moi souvent de la province de ces vers comme on en fait si peu à Paris.. »