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Le lecteur, à ce passage intéressant, se tut et leva la tête. On venait d’ouvrir la porte du salon, et quelqu’un était entré : c’était le jeune homme aux cheveux blonds, et le vieux Brandt qui montrait par-dessus son épaule sa moustache blanche, aussi blanche que le flocon de laine de son bonnet fourré de peau de loup.

— « Ce ne sont point les pêcheurs d’anguilles et d’écrevisses du Woralsberg, dit le jeune homme ; j’ai vu leurs barques attachées sous les saules. C’est la chaumière de Pçters le chevrier.

— Eh bien ! la chaumière de Péters?… dit le vieux père.

— Le chaume de la cabane de Péters a tout à coup pris feu comme une meule de foin. Le meunier prétend que l’incendie a été produit par la chute d’une étoile sur le toit.

— Pauvre Péters ! disaient les petits enfants.

— Il ne conduira plus chaque matin, disait l’un, son chevreau brouter dans le parc !

— Il ne nous apportera plus, disait l’autre, chaque matin un bouquet de marguerites et de fleurs des prés !

— C’est lui, ajoutait un troisième, qui m’a taillé ce joli sifflet avec une branche de peuplier vert!

— Pauvre Péters ! » répétèrent tous les petits enfants.

Il se parlèrent l’un l’autre un moment à voix basse, puis il se jetèrent tous au col de leur vieux père qu’ils