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Le maraudeur l’avait dit. Duguesclin, arrivé de la veille à Châlon, tenait conférence avec les chefs des révoltés : ceux-ci ne voulaient entendre à aucune proposition. Jacques-les-Andelys surtout demeurait intraitable, comme si tout eût dépendu de son vouloir et de son consentement. Le délégué du roi se tint en repos quelques jours, espérant que quelque accident propice produirait ce que n’avaient pu produire ses discours. Il apprit bientôt que Jacques-les-Andelys montait à cheval pour chasser le chevreuil dans les bois. Sans perdre de temps, il vole au quartier-général des compagnies campées à une lieue de Châlon. Dès qu’ils eurent appris son arrivée, les soldats accoururent à sa rencontre, s’empressant à le regarder , mais lui, du haut de son cheval de bataille, couvert d’une housse à fleurs de lys d’or :

— « Qu’est ceci? Comment vous nommer? Des hommes d’armes ou des vagabonds, vous qui ne savez que courir de nuit les champs? Vous faites mal, c’est moi qui vous le dis. Duguesclin n’est point un harpeur qui ne donne que de belles paroles pour de l’argent. Pouvez-vous bien préférer votre honte à l’honneur? Qui vaut-il mieux servir, le roi avec gloire et honnête profit, ou bien Jacques-les-Andelys, avec brigandage et péril ? Pensez-vous d’ailleurs que votre ,roi soit moins brave que Jacques-les-Andelys? »

Une voix cria au milieu de la foule : « Lorsqu’on