ait vanné tous les vocables de la langue pour ne garder que les mots pittoresques, sonores et chromatiques. Sa phrase courte est néanmoins très-pleine, parce qu’il en exclut rigoureusement tout terme sourd, terne ou abstrait. Il y combine tous les moyens d’expression, le son et la figure, l’orthographe et l’onomatopée. Et c’est ainsi que dans ses brièves peintures il arrive à des intensités prodigieuses, auxquelles d’autres n’atteindraient que par de longs développements, des répétitions, des surcharges, etc. » Lisez, ou plutôt voyez Madame de Montba^on, lé Maçon, l’Ecolier de Leyde, le Falot, la Poterne du Louvre, et convainquez-vous que la puissance de l’image inoubliable est due à ce procédé de savant et de vocabuliste : l’exclusion des mots parasites. C’est ce talent de linguiste et de peintre qui assure la durée de l’œuvre de Louis Bertrand ; c’est par là qu’il a mérité la place que Sainte-Beuve lui a donnée dans sa galerie, et qu’il restera l’un des classiques du Romantisme.
Peu de documents biographiques sont venus s’ajouter à ceux que M. Sainte-Beuve a donnés dans sa notice sur Louis Bertrand. Une lettre de David d’Angers, publiée en 1857 dans la Revue du Maine et de l’Anjou, nous a fait connaître, dans un style peut-être un peu mélodramatique, les derniers moments de l’auteur de Gaspard de la Nuit. Un en-tête de l’éditeur, M. Victor Pavie, nous a raconté les péripéties