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quand il le voudrait bien, est-il possible que l’ouvrage s’imprime à cent ou deux cents lieues des auteurs ?

« Pour toutes ces raisons, je persiste en ma thèse. »

Il laissa Diderot terminer sans lui le monument plus vaste que grand, plus vite oublié que les promesses auxquelles on continuait à croire.

D’Alembert a écrit en traçant son propre portrait :

« Impatient et colère jusqu’à la violence, tout ce qui le contrarie, tout ce qui le blesse, fait sur lui une impression vive, dont il n’est pas le maître. »

Ce jugement est confirmé par les détails d’une affaire peu connue, celle du jésuite Tolomas, membre de l’Académie de Lyon, poursuivi, sur des motifs qu’on jugera bien légers, par la colère de d’Alembert qui demande avec insistance à la Compagnie dont il était correspondant l’expulsion de celui qui l’avait, disait-il, offensé.

Le père Tolomas, professeur au collège de Lyon, à la rentrée des classes, le 30 novembre 1754, prononça un discours latin en présence du consulat et d’une assemblée nombreuse. Il avait pris pour sujet l’apologie du collège et des méthodes adoptées pour l’éducation et pour l’enseignement.

L’intention était évidente. Tolomas répondait à l’article Collège récemment paru dans l’Encyclopédie, dont l’auteur était d’Alembert.

L’attaque avait été vive, la réponse était de droit.

Un jeune homme, lisait-on dans l’Encyclopédie, après avoir passé dans un collège dix années qu’on