Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cachées, d’Alembert n’accepte que des problèmes bien nets et bien purs, dont l’énoncé permette une solution exacte et achevée ; non content de négliger ce qui est petit et sans influence sensible, il écarte avec dédain tout ce qui, lui semblant mal connu et mal déterminé, diminue la précision et la beauté du problème. C’est la même tendance qui plus tard et dans un autre ordre d’idées devait le conduire à restreindre, jusqu’à l’annuler, le champ de la métaphysique et de la philosophie.

Malgré l’habileté qu’il y déploie, l’insuffisance de la théorie de d’Alembert est visible d’ailleurs au premier coup d’œil : la grandeur et la direction actuelle des vents dépendraient en effet, suivant elle, aujourd’hui encore, de l’état initial des couches atmosphériques, sans que les frottements et les chocs renouvelés depuis le commencement du monde en aient dissipé l’influence. Le prix accordé à d’Alembert fut-il donc le résultat d’une méprise, et le titre de membre de l’Académie de Berlin était-il immérité ? Il y aurait grande injustice à le croire. Dans l’ouvrage sur la cause des vents on reconnaît à chaque page le grand géomètre profondément instruit de la science du mouvement et capable d’ouvrir des voies nouvelles. De tels essais précèdent les chefs-d’œuvre et les préparent, parce qu’ils perfectionnent l’instrument des recherches en enseignant à le manier avec plus d’élégance et de sûreté.

D’Alembert, suivant les conséquences de son principe de dynamique, en a fait l’application à la