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Les points se font des concessions, ils y sont forcés. Ceux d’en bas iront plus vite et ceux d’en haut plus lentement que s’ils étaient seuls. Les liaisons, pour imposer ces changements, font naître des forces, et ces forces doivent être introduites dans les équations du problème ; elles sont inconnues : comment faire ? Les plus habiles avant d’Alembert avaient rencontré ce problème, dont la solution préalable semble indispensable, sans apercevoir de solution. Sans entrer au détail, ce qui serait impossible, nous réduirons la grande découverte de d’Alembert à la remarque qui lui sert de base.

Le système, quel qu’il soit, par la nature des liaisons qui le définissent, est capable de produire certaines forces. Ces forces sont les mêmes dans l’état d’équilibre et dans l’état de mouvement. Les lois de la statique sont depuis longtemps connues, ces forces y jouent un rôle, et, par cette étude antérieure, le problème auxiliaire, si difficile en apparence, se trouve résolu d’avance ou, pour mieux dire, éludé.

Dans le discours préliminaire qui précède le traité de mécanique, apparaissent pour la première fois quelques-unes des qualités qui devaient appeler si souvent d’Alembert loin du théâtre de ses premiers succès. On rencontre déjà l’écrivain habile et le philosophe hardi qui ose aborder les questions les plus hautes, discutant le degré de certitude de toute vérité acceptée.

« Les questions les plus abstraites, celles que le commun des hommes regarde comme les plus inac-