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lumières des défenseurs de la bulle, que Voltaire a dédié sa tragédie de Mahomet, pour l’examen de laquelle, par une fantaisie singulière de M. d’Argenson, d’Alembert avait été pour une fois transformé en censeur.

Benoît XIV avait raison sans doute, mais sous ces questions mal comprises par les plus ardents s’agitait déjà la prétention de penser librement. Les jansénistes n’en convenaient pas, mais les jésuites montraient clairement qu’en se faisant juge de la foi, en préférant la persuasion de chacun à toute autorité visible, on fait de l’Église une république où le scepticisme doit triompher. Les pères fondaient de grandes espérances sur Jean Lerond ; ils voulaient de leur brillant élève faire un ennemi des jésuites. Leur pieux désir eut un succès complet, mais ils dépassèrent le but, et d’Alembert devint également hostile aux deux partis. Il conserva pendant toute sa vie pour cette nourriture, qu’il serait injuste d’appeler théologique, une répugnance mêlée de colère, traitant d’ennemis publics tous ceux qui, pour ces bagatelles sacrées, troublaient la tranquillité des citoyens et la paix des esprits.

D’Alembert aimait à rire. Les histoires de convulsionnaires, premier aliment de son esprit, lui en donnaient rarement l’occasion. On me permettra cependant, dans la Vie du diacre Pâris condamnée au feu par l’Inquisition et solennellement brûlée à Rome, de signaler une anecdote fort oubliée et cependant devenue célèbre. Labiche en a fait le