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N’a-t-il pas été dit dans l’Apocalypse : Vae terrae et mari, quia descendit diabolas ad vos habens iram magnam !

À ces preuves en apparence si solides on opposait l’évidence des faits.

La première œuvre de Dieu a été la production du chaos, et la terre fut d’abord sans beauté, afin que l’on apprît que toute créature ne devient parfaite qu’à mesure que Dieu l’enrichit.

L’enfant ressuscité par Élie ne l’a été qu’après que le prophète se fut étendu trois fois sur lui. Le même prophète, le texte est formel, a envoyé sept fois son serviteur avant que la pluie promise à Achab eût commencé à tomber. Élisée s’est couché sept fois sur l’enfant de la Sunamite, il a frappé sept fois le Jourdain. Naaman, qu’il envoya au Jourdain, s’y est baigné sept fois consécutives, et Ézéchias, personne ne l’ignore, n’a été guéri que le troisième jour ; si Dieu eût voulu le guérir subitement, on ne lui aurait pas promis comme une grande grâce qu’il irait au temple dans trois jours. Comme dans l’antiphysique de d’Alembert, les faits démentent la théorie.

Cette théorie d’ailleurs suppose ce qui est en question.

Les maladies du corps sont l’image des maladies de l’âme, c’est-à-dire des péchés ; les guérisons miraculeuses que Dieu opère des maladies du corps sont l’image de celles qu’il opère dans nos âmes.

La conséquence est évidente : Dieu quelquefois convertit un pécheur en un moment par un coup