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à circonduire et allonger des périodes et à faire brillamment des amplifications, nom très convenable, disait-il plus tard, non sans quelque injustice, à noyer dans deux feuilles de verbiage ce qu’on pourrait et devrait dire en deux lignes. Le talent de bien dire en amplifiant et de trouver sans effort l’heureux arrangement des paroles, développé par ses maîtres au collège Mazarin, n’a pas peu contribué sans doute, n’en déplaise à d’Alembert, à ses succès comme orateur académique. S’ils n’ajoutent rien à sa gloire, ils ont pu, en procurant à ses contemporains des heures de vif plaisir, devenir une des joies de sa vie.

Après avoir passé — c’est ainsi que lui-même juge ses études — sept ou huit ans à apprendre des mots ou à parler sans rien dire, il commença ou, pour mieux dire, on crut lui faire commencer l’étude des choses : c’était la définition de la philosophie. On désignait alors sous ce nom la logique ou, à très peu près, ce que le maître de philosophie se proposait d’apprendre à M. Jourdain : Bien concevoir, par le moyen des universaux ; bien juger, par le moyen des catégories, et bien construire un syllogisme, par le moyen des figures :


Barbara, Celarent, Darii, Ferio, Baralipton.


On se demandait si la logique est un art ou une science, si la conclusion est de l’essence du syllogisme.

Quoique la forme prête à la comédie, ne nous