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sance que j’ai des qualités aimables et solides qui forment votre caractère ; il me fait sentir en ce moment le plaisir de m’occuper de vous, en vous peignant telle que je vous vois.

Vous ne voulez pas, dites-vous, que je me borne à faire la moitié de votre portrait en ne composant qu’un panégyrique ; vous y voudriez des ombres, apparemment pour relever la vérité du reste ; et vous m’ordonnez de vous entretenir de vos défauts, même, en cas de besoin, de vos vices, si je vous en connais quelques-uns. De vices, j’avoue que je ne vous en sais point, et j’en suis presque fâché, tant j’aurais envie de vous obéir. De défauts, je vous en connais quelques-uns, et même d’assez déplaisants pour les gens qui vous aiment.

Trouvez-vous cette déclaration assez grossière ?

Je souhaiterais même que vous eussiez d’autres défauts que ceux dont j’ai à vous faire le reproche. Je voudrais en vous ces défauts qui rendent aimable, de ceux qui sont l’effet des passions ; car j’avoue que j’aime les défauts de cette espèce : mais par malheur ceux que j’ai à vous reprocher n’en sont pas, et prouvent peut-être (je ne vous dis cela qu’à l’oreille) qu’il n’y a guère de passion chez vous.

Je ne parlerai point de votre figure ; vous n’y attachez aucune prétention, et d’ailleurs c’est un objet auquel un vieux et triste philosophe comme moi ne prend pas garde, auquel il ne se connaît pas, auquel même il se pique de ne se pas connaître, soit par ineptie, soit par vanité, comme il vous plaira. Je dirai