Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La correspondance de d’Alembert avec son royal ami donne plus d’un exemple de sa constante et efficace sollicitude pour les hommes de mérite malheureux ou méconnus.

Un savant illustre, Lambert, avait été appelé à l’Académie de Berlin sur sa réputation qui était grande et que le temps devait accroître encore. Frédéric voulut causer avec lui : Lambert ne lui plut pas.

« Je puis assurer, écrivit-il à d’Alembert, qu’il n’a pas le sens commun. » Lambert écrivait en allemand sur la physique mathématique plus que sur la géométrie. D’Alembert, à vrai dire, ne connaissait ni ses œuvres ni sa personne, mais il savait par Lagrange son ingénieuse sagacité. Il se hâta d’écrire à Frédéric, qui, sans attirer de nouveau près de lui le savant et peu sociable géomètre, lui fit à l’Académie une situation digne de son mérite.

Après avoir protégé la jeunesse de Lagrange, d’Alembert offrit son appui au jeune Laplace, qui, mécontent à Paris de sa position et des lenteurs de sa carrière académique, avait confié à d’Alembert son découragement et son ennui.

Laplace resta en France, heureusement pour lui et pour nous, mais l’influence de d’Alembert, à la vue de ses premiers travaux, bien inférieurs pourtant à ceux de Lagrange, était entièrement à son service. Lorsqu’après la mort de Clairaut, au moment où l’ouvrage de d’Alembert sur la destruction des