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hardis, citer des génies du même ordre, au premier rang desquels se place d’Alembert.

Le nom de d’Alembert rappelle aux géomètres l’émule de Clairaut et d’Euler, le prédécesseur de Lagrange et de Laplace, le successeur d’Huygens et de Newton ; d’Alembert est, pour les lettrés, l’orateur spirituel, dont l’éloquence toujours prête fut, pendant un quart de siècle, pour deux Académies, le plus grand attrait des séances solennelles.

Les curieux d’anecdotes littéraires savent ses relations avec un grand homme et avec un grand roi, qu’il osait, tout en les respectant et les aimant, et sans méconnaître l’honneur de leur amitié, contredire souvent, blâmer quelquefois et conseiller avec une indépendante sagesse.

À la fin comme au commencement de sa vie, la destinée de d’Alembert le mit en lutte avec le malheur. Vainqueur dans son enfance, il a su, par la force de son caractère et la grâce de son esprit, triompher d’une situation difficile et cruelle. Brisé par le chagrin aux approches de la vieillesse, il a courbé tristement la tête et, sans accepter les consolations de l’amitié ni se soucier des distractions de la gloire, attendu la mort comme une délivrance.

D’Alembert fut exposé quelques heures après sa naissance, le 17 novembre 1717, sur les marches de l’église Saint-Jean-Lerond.

Cette petite église, démolie en 1748, avant d’être un sanctuaire particulier, avait été une chapelle dépendant de la cathédrale ou, pour parler plus exac-