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Ce sont les derniers vers de la pièce.

Alceste n’avait pas été représentée depuis 1727, on l’avait peut-être oubliée. On avait oublié aussi les débuts de Boissy, dont les Satires, premier fruit de sa muse, avaient, dit d’Alembert dans son éloge, offensé les hommes de lettres les plus éminents.

Le troisième concurrent préféré à d’Alembert, Bougainville, était secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Ce choix, s’il est permis de juger à distance, était le plus mauvais des trois : Bougainville, dit Grimm, qui peut-être exagère, fut nommé malgré l’Académie et malgré le public. Il accroissait ses chances en se disant mourant :« Nous croyez-vous, lui répondit Duclos, chargés de donner l’extrême-onction ? »

La séance de réception de Bougainville est restée célèbre. Ayant à faire l’éloge de La Chaussée, adversaire décidé de ses précédentes candidatures, pour montrer la grandeur de son âme, il le compare à Molière et, tout bien pesé, lui accorde la préférence.

L’Académie resta froide, le public rit beaucoup, et l’on continua à regretter l’absence du nom de Molière dans « cet auguste sanctuaire où le petit-fils du grand Condé (le comte de Clermont) venait confondre ses lauriers avec ceux du neveu du grand Corneille (Fontenelle) ».

La nomination de d’Alembert fut très disputée. La suppression récente de deux volumes de l’Encyclopédie lui donnait un caractère d’opposition auquel l’Académie n’était pas habituée.